CARMEN
Pour sa dixième édition, La Fabrique Opéra Val de Loire collabore avec Quentin Delépine pour aborder cette histoire d’amour obsessionnel et de jalousie meurtrière. Dernier opéra de Bizet, à l’histoire résolument moderne et profondément humaine, Carmen est aussi l’un des dix opéras les plus joués au monde.
Carmen, c’est une comédie. Carmen, c’est un drame. Un mythe, une histoire que l’on connaît par cœur et qui chaque fois pourtant vous transporte d’émotion. Carmen, c’est une musique brûlée par le soleil d’Andalousie, légère parfois, enivrante souvent, poignante toujours. Une musique où chacun des protagonistes jouera son rôle, soldat ou toréador, jeune fille candide ou bohémienne farouchement libre, où chacun se laissera conduire par la passion dans ses joies, ses désirs ou ses violences. Et depuis les collines sauvages des villages blancs jusqu’aux remparts de Séville, nul ne reculera devant l’abîme.
Mais pourquoi produire à nouveau Carmen de Georges Bizet avec La Fabrique Opéra Val de Loire ?
Parce qu’il y a mille manières d’imaginer Carmen de Georges Bizet.
Dès l’annonce de notre souhait de revisiter ce chef-d’œuvre, 10 ans après, certains spectateurs nous ont fait savoir qu’ils n’iront pas voir la production 2025, car ils l’ont déjà vu en 2015… Pourtant, quand Gareth Edwards décide de faire en 2014 le remake de la version originale de 1954 de Godzilla, ce ne sont pas moins de 1 361 689 spectateurs qui sont venus voir la nouvelle version d’une œuvre déjà produite.
Nous avons tous adoré la vision de Jean-Claude Cotillard au moment de la création de La Fabrique Opéra Val de Loire : presque burlesque, avec une poésie du mouvement comme sait si bien le faire ce maître du corps !
Mais il y en a tellement d’autres que nous pourrions explorer. Par exemple, celle de Quentin Delépine, qui fut jusqu’en 2024 l’assistant metteur en scène de toutes nos productions et qui a donc vécu la construction de notre projet depuis le début.
C’est à lui que j’ai souhaité confier pour mars 2025, la mise en scène de ce nouveau Carmen.
Parce que Carmen reste un opéra mythique que nous nous devons de jouer régulièrement.
Tout comme Le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns ou bien Pierre et le Loup de Prokoviev, Carmen est une œuvre que l’on croit connaître, mais dont on oublie quelquefois quelques passages savoureux.
Bien entendu, on connaît tous les tubes : la Habanera (« L’amour est enfant de bohème […] l’amour est un oiseau rebelle »), « Toréador, en garde », « Les tringles des sistres tintaient », « Près des remparts de Séville »…
Bien entendu ? Pas si sûr ! De plus en plus de publics ne connaissent pas ces références.
Et puis Carmen ne se résume pas à ces quelques airs. « La fleur que tu m’avais jetée », le trio des cartes, le quintette… sont autant de perles musicales à (re)découvrir.
Secrètement, je rêve de ne pas connaître Carmen pour avoir la chance de l’entendre et de le voir pour la première fois…
Parce que Carmen fut pour La Fabrique Opéra Val de Loire le début d’une grande aventure.
La Fabrique Opéra Val de Loire aime à se penser comme une association qui utilise l’opéra pour faire se rencontrer des métiers, des cultures, des catégories socioprofessionnelles, des générations, des territoires… qui ne se seraient peut-être jamais croisés.
La première année de son existence, notre équipe devait poser les bases de cette philosophie qui prône le respect du travail de l’autre et qui tend à faciliter l’accès à la culture à tous en impliquant chacun avec ce qu’il a de meilleur à offrir : son talent.
Fin 2013, nous nous sommes donné 18 mois pour construire cette association qui fête ses 10 ans. Il nous fallait recruter des artistes, des techniciens, motiver des bénévoles à rejoindre notre aventure, trouver des financements, et fédérer 500 lycéens, apprentis et leurs professeurs (ce qui reste le fondement de notre projet…).
C’était titanesque… Mais quelle fierté, lorsque le 22 mars 2015 à 19 h 30, les dernières notes de Carmen ont résonné dans le Zénith, en compagnie des 1000 membres qui ont participé à cette création, jouée devant 11 000 spectateurs.
Nous avions juste oublié une chose : profiter de la musique de Bizet…
Alors, aujourd’hui que La Fabrique Opéra Val de Loire est structurée et que chacun des membres connaît son rôle, je crois qu’il est temps pour nous aussi de nous délecter de cette œuvre extraordinaire en vous proposant en 2025, pour nos 10 ans, une toute nouvelle version de Carmen.
Quentin : c’est à toi !
Clément Joubert – Directeur artistique